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Ce congrès s'inscrit dans la tradition des précédents et n'a donc pas vocation à être thématisé. Le comité de pilotage a pris le parti  de valoriser des thématiques et des chercheurs émergents, ainsi qu' une conférence de clôture plus synthétique et réflexive au regard de l'actualité et l’avenir de l’éducation et de la formation.

 

Vincent BERRY

Mercredi 3 juillet 2019, 10h00 à 11h00

Maitre de conférences, UFR LLSH – Université Paris 13, Laboratoire EXPERICE

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Présentation courte : 

Mes recherches portent sur l’étude des loisirs, et plus particulièrement aux pratiques de jeux. Elles s’intéressent aux publics et aux usages dans le cadre familial, récréatif ou scolaire. L’intérêt est ainsi porté aux pratiques des adultes et des enfants, aux sociabilités, aux savoirs et aux compétences mobilisées. En attachant une attention particulière à la notion d'expérience, il s’agit d’analyser la relation entre jeu, éducation et apprentissage.

Titre de la conférence :

Jeux (vidéo), apprentissages et éducation : contours d’une problématique

Résumé :

Qu’il s’agisse de « mondes virtuels », tels que Word Of Warcraft, dans lesquels des joueurs vivent une « deuxième vie », ou de pratiques dites « e-sportives » qui rassemblent les « meilleurs » joueurs (mondiaux) de Fortnite au sein de compétitions filmées, ou encore, à l’image de Candy Crush, de jeux « occasionnels » que l’on pratique dans les transports en commun, le jeu vidéo est devenu en l’espace de 40 ans un objet culturel majeur. Premier loisir chez les enfants et les adolescents, en expansion chez les adultes et les seniors, il concerne, sous des formes diverses, toutes les composantes ou presque de la société. Logiquement, son succès interroge le monde politique et culturel. S’agit-il d’un simple divertissement, d’un (nouvel) art, d’un (nouveau) sport, d’un problème sociétal dont les excès seraient à encadrer ?

Dans le champ de l’éducation, si ses possibles méfaits sont débattus (ses liens par exemple avec la question du décrochage scolaire ou du développement de l’enfant), on s’interroge dans le même temps sur ses dimensions éducatives. Qualifié parfois de « puissant dispositif d’apprentissage », ses propriétés en font selon certains un pertinent outil pédagogique pour la formation et l’éducation : apprentissage par la pratique, principe de rétroaction immédiate, contextualisation des savoirs, scénarisation de l’activité, recours à la simulation et l’expérimentation…. L’émergence dans les années 2000 des « jeux sérieux », ces dispositifs pensés pour l’apprentissage, et les encouragements parfois institutionnels à utiliser le jeu vidéo en classe, témoignent d’un intérêt grandissant du champ de l’éducation pour l’aspect potentiellement éducatif des pratiques vidéoludiques.

Si des recherches de plus en plus nombreuses s’intéressent aux liens entre jeux vidéo et apprentissages et soulignent les spécificités et les qualités pédagogiques d’un dispositif vidéoludique, un certain nombre d’interrogations, de problèmes et de difficultés scientifiques demeurent. En premier lieu, il est souvent difficile d'établir des relations entre l'acquisition de savoirs ou le développement de compétences dans une pratique vidéoludique et sa « transférabilité » dans d'autres domaines. On peut en outre se demander si, comme dans le cas de « jeux sérieux », la transformation d'un jeu vidéo, dont le but est le divertissement, en un dispositif pédagogique, dont le but est l'apprentissage, ne transforme pas profondément la nature de l’activité. Sommes-nous toujours dans le cadre d’une activité ludique ou d’un « exercice déguisé » ?

Pour à mener à bien ces réflexions, nous resituerons d’abord l’état du débat scientifique sur la relation entre jeu (vidéo) et apprentissage pour, dans un deuxième temps, à partir de travaux sur les joueurs de jeux vidéo, analyser des processus d’apprentissages. Dans un dernier temps enfin, nous nous proposerons quelques éléments théoriques pour penser la question de la relation entre jeu (vidéo) et apprentissage. Nous interrogerons plus particulièrement un « angle mort » de la recherche sur le jeu en éducation : la question des dispositions. En effet, les différentes enquêtes sociologique que nous menons sur les pratiques ludiques, qu’il s’agisse de jeu vidéo ou de jeu de société, dans le cadre des loisirs ou de la formation, révèlent des disparités en termes d’expériences, de socialisations au jeu et de dispositions à s’engager (ou non) dans telle ou telle forme d’activité ludique. Parfois explicatives de difficultés rencontrées dans les usages pédagogiques du jeu, ces différences de culture ludique selon l’âge, le genre ou le milieu socioculturel sont à mettre en relation avec deux écueils récurrents dans la littérature : celui d’une pensée du jeu chez l’enfant comme un trait « naturel », et celui d’une pensée du jeu comme un dispositif dont ses seules propriétés techniques et pédagogiques suffisent à engager son joueur.

Références :

Berry Vincent, L’expérience : jouer, vivre, apprendre dans un jeu vidéo, Presses Universitaires de Rennes, 2012

Berry Vincent, Andlauer Leticia (dir.), Jeux vidéo et adolescence, Presses Universitaires de Laval, 2019 ;

 

Zoe ROLLIN

Mercredi 3 juillet 2019, 16h30 à 17h30

Maîtresse de conférences, Département des sciences de l’éducation, Université Paris Descartes, CERLIS.

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Présentation courte :

Zoé Rollin est actuellement maîtresse de conférences à l’université Paris Descartes (département des sciences de l’éducation, CERLIS) après avoir enseigné dans le secondaire et le supérieur pendant dix ans. Les recherches de Zoé Rollin interrogent globalement les tensions entre les évènements de santé et les trajectoires biographiques dans une perspective de genre et de care, via une entrée disciplinaire principalement sociologique. La plupart de ses travaux prennent pour objet la scolarité (secondaire, supérieur) au prisme de la maladie grave et en particulier du cancer, en mobilisant des méthodes mixtes et des recherches-actions.
En savoir plus : http://www.cerlis.eu/team-view/rollin-zoe/

Titre de la conférence :

Analyser les situations scolaires et éducatives par le prisme des éthiques du care : une ressource pour penser l’école inclusive.

Résumé :

Cette communication propose de réfléchir à l’intérêt de la prise en compte des éthiques du care (Gilligan, 1986 ; Tronto, 2009)pour penser la recherche en éducation et plus spécifiquement les problématiques autour de l’école inclusive. Les principaux travaux menés en philosophie et en psychologie sociale sur les éthiques du care sont souvent associés à la sphère du soin ou réservés à la compréhension des situations d’emploi dits « subalternes » et sont encore peu mobilisés en sciences de l’éducation. Pourtant, ces éclairages sont aidants pour penser les tensions de l’accompagnement pédagogique dans un contexte de vulnérabilité accrue que sont les expériences de scolarité à l’épreuve de la maladie grave. À partir de recherches originales menées à l’intersection des champs de l’éducation et de la santé, je présenterai quelques résultats sur l’expérience scolaire des élèves du second degré à l’épreuve de la maladie grave chronicisée et sur les tensions posées à l’institution scolaire ordinaire. Je montrerai notamment que l’étude des temporalités est centrale pour comprendre l’expérience scolaire des élèves suivis pour des évènements de santé grave, et qu’une partie d’entre eux connait une situation de handicap, qu’elle soit reconnue ou non sur le plan administratif. En lien avec ses difficultés, des besoins d’accompagnement sont présents : les parents sont assignés à un travail d’accompagnement intense, en particulier les mères. Par ailleurs, la prise en compte des besoins de ces élèves pose des questions inédites aux établissements scolaires ordinaires, et confronte les professionnels à des situations souvent méconnues et chargées de représentations. Il sera question de voir en quoi ces situations scolaires vécues apportent des éléments de compréhension sur certaines facettes de la relation pédagogique qui sont souvent impensées. Dans le contexte de la maladie grave, le rapport pédagogique se voit profondément questionné. La relation éducative est en prise avec un processus d’individualisation qui n’est pas sans conséquences. Celui-ci assigne les professionnels de l’éducation à un travail émotionnel dont la charge est importante. Par ailleurs, le travail enseignant se voit augmenté de tâches qui dépassent largement le strict mandat de la transmission de connaissances. Des « tâches de care »associant posture de sollicitude et tâches interstitielles deviennent centrales dans ce contexte (Rollin, 2015, 2016). Par ailleurs, la prise en charge d’élèves soignés pour un cancer fait du travail en équipe pluridisciplinaire une donnée centrale. La prise en compte des besoins des élèves gravement malades vient questionner certaines normes dominantes du système scolaire français. Je montrerai finalement que réaliser « ce pas de côté », c’est-à-dire penser l’école depuis une question traditionnellement envisagée uniquement du côté de la santé peut être heuristique. En effet, le concept de care permet de déconstruire de nombreux présupposés tels que l’autonomie et la bonne distance pour envisager plus finement la réflexivité, la vulnérabilité inhérente à l’humain et à l’importance du « travail émotionnel » (Hochschild, 2003) dans la sphère éducative et scolaire. Penser ces dimensions et reconnaître leur portée politique est primordial pour construire une école inclusive. En somme, l’étude des enjeux posés par l’inclusion des élèves atteint-e-s de cancer pose des questions à l’institution scolaire dans son ensemble. Elle implique de repenser la relation éducative. C’est en cela que les éthiques du care peuvent apporter des éclairages bienvenus. Ces approches permettent de reconnaître ce qui fait la commune humanité entre les élèves et les enseignants : leur vulnérabilité intrinsèque. Elles donnent à comprendre les processus d’invisibilisation des émotions qui se jouent dans l’institution scolaire. Elles dénouent en quoi ceux-ci sont structurels et renvoient à des enjeux genrés, et finalement politiques.

Références :

Benjamin Derbez et Zoé Rollin, Sociologie du cancer, Collection « Repères », La Découverte, Janvier 2016

Véronique Bayer, Hélène Martin, Marianne Modak et Zoé Rollin, Interventions féministes, Nouvelles questions féministes, Vol. 37, 2018.

Marc Bessin, Isabelle Bourgeois, Anne Marchand, Zoé Rollin et Léa Restivo, Dossier « Agir pour chercher, chercher pour agir : recherches-actions en SHS sur le cancer », Revue Santé Publique, Mai-Juin 2015

 Zoé Rollin, « Devenir un.e élève atteint.e de cancer. Quelles expériences de la scolarité à l’épreuve de la maladie grave chronicisée ? », Agora débats/jeunesses, 2019, n°81, p. 79-92.

 Izabel Galvao et Zoé Rollin, « Initier des futurs travailleurs sociaux au travail émotionnel à partir de récits autour de l’expérience scolaire », Sociétés et jeunesses en difficulté, Octobre 2018. 

 Zoé Rollin et Véronique Bayer, « Former les travailleuses et les travailleurs sociaux : une intervention féministe », Nouvelles questions féministes, vol. 37, Octobre 2018.

 Zoé Rollin, « Comment comprendre et faciliter le retour en classe des lycéens traités pour un cancer ? Retour sur une recherche-action sociologique. », Santé Publique 3/2015 (Vol. 27), p. 309-320. www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-3-page-309.htm.

 Anne Marchand, Zoé Rollin, « Ce que l’intervention fait à la recherche dans un contexte de maladie grave. », Santé Publique 3/2015 (Vol. 27), p. 331-338.  www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-3-page-331.htm.

 

Vanessa REMERY

Jeudi 4 juillet 2019, 11h00 à 12h00

Maître assistante - Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Secteur formation des adultes, Laboratoire RIFT.

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Page perso : http://www.unige.ch/fapse/interaction-formation/equipe/remery/
Publications : https://www.unige.ch/fapse/interaction-formation/publications/remery/

Présentation courte :

Ses recherches portent sur les questions de formalisation / reconnaissance / développement / transmission des savoirs d'expérience. Elle s’intéresse notamment à l'accompagnement des parcours professionnels, aux processus de transmission sur le lieu de travail, aux trajectoires d’apprentissage et stratégies de construction et de préservation de la santé au travail avec l’âge, à la conception d'environnements de travail formatifs dans une approche développementale de l'expérience.

Titre de la conférence :

"Approche développementale de l’expérience et des parcours professionnels"

Résumé :

L'objectif de cette conférence est montrer comment il est possible d'analyser les processus de développement de l’expérience pour en faire un objet de recherche et d’intervention dans le champ de la formation des adultes et pour construire des parcours professionnels.

Cette conférence s’inscrit donc dans une réflexion sur la contribution de la formation, en tant que champ de recherches et de pratiques, à la construction de parcours professionnels qui soutiennent le développement de l’expérience.

Elle sera développée en quatre axes. 1) Repérer les enjeux de la relations âge-travail-formation pour identifier en quoi il s'agit d'une question d’actualité à partir d'une exploration du contexte démographique, des mutations du travail et de l'emploi, des orientations politiques en matière de formation. 2) Distinguer les différentes configurations d’apprentissage dans la temporalité des vies professionnelles et appréhender comment on peut les lire du point de vue d’un dénominateur commun qu’est l'expérience à partir d'un questionnement transversal. 3) Définir les ingrédients d’une perspective diachronique des temps de la vie qui articule deux marqueurs: l’âge et l’expérience. Cette perspective s'appuie sur une conception dynamique de l’âge, ce qui me permettra de mettre en évidence les processus de déclin et de construction qui apparaissent au fil de l’âge et de l’expérience. 4) Enfin cette conception de l’âge et de l’expérience permet de problématiser, la question du temps, des parcours professionnels, et c'est mon dernier point, la question des conditions de développement de l’expérience. Pour cela, je présenterai les différentes temporalités avec lesquelles nous composons dans notre parcours de vie et comment elles influencent les dynamiques de l’expérience. Les conflits de temporalité conduisent à des dynamiques développementales de l’expérience qui peuvent être effectives ou empêchées. Je m'appuierai sur une étude de cas issue de mes travaux de recherche sur l'accompagnement en VAE.
Pour conclure, j’esquisserai les défis que posent cette approche développementale de l’expérience et des parcours professionnels du point de vue de la recherche et de l’intervention en formation.

Références :

Arciniegas, M., Rémery, V. & Dutoit, M. (2019). Formaliser des savoirs d'expérience pour la formation : une recherche collaborative dans le champ du Handicap Rare. Revue TransFormations, numéro spécial intitulé « Faire émerger le réel du travail et concevoir la formation : autour des enjeux méthodologiques de l’analyse de l’activité des adultes » sous la coord. de R. Becerril-Ortega, S. Flandin et C. Vidal-Gomel. En ligne https://pulp.univ-lille1.fr/index.php/TF/

 

Pierre PERIER 

Vendredi 5 juillet 2019, 11h00 à 12h00

Université Rennes 2 – CREAD

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Présentation courte :

Mes activités de recherche portent principalement d'une part, sur la socialisation et construction des identités professionnelles des enseignants, en particulier les professeurs débutants du secondaire dans les contextes difficiles. Elles s'intéressent, d'autre part, aux relations entre les parents et l'école, en s'attachant à comprendre ce qui fabrique la connivence avec les uns et la distance avec les autres, et singulièrement les fractions précaires et immigrées des familles populaires

 

Titre proposé par le conférencier :

 

Le.s monde.s des sciences de l'éducation et de la formation : actualité de la question.

Résumé :

La question du singulier ou du pluriel pour désigner la.les science.s de l'éducation n'est pas nouvelle mais elle conserve toute son actualité. Créée "sous le signe de la pluralité " (G. Vigarello), la discipline émerge au tournant du XXème siècle avec Durkheim et ses continuateurs qui forgent alors La science de l'éducation. Celle-ci étudie l'objet éducatif mais son projet le dispute à la psychopédagogie qui s'empare durant plusieurs décennies des enjeux d'apprentissage dans le champ scolaire. La constitution de la discipline universitaire en 1967 consacre le pluriel qui reflète la diversité des disciplines de sciences humaines et des problèmes dont elle relève. Inscrit dans le fil de cette histoire, le propos de la conférence consistera à montrer quels sont les objets et perspectives qui, à la lumière d'une analyse des textes soumis au Congrès, constituent le monde des science de l'éducation aujourd'hui. Un monde ouvert au changement et composé de sous-mondes qui s'entrecroisent et débattent dans "l'arène" (A. Strauss) des sciences de l'éducation dont il faudra interroger ce qui en assure l'unité.

Références :

Périer, P. (à paraître). Des parents invisibles. L'école face à la précarité familiale, Paris, PUF (coll. "Education et société"), 2019.

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